Entretien avec Charlotte Chevrie, assistante de publication pour Programming Historian

Aujourd’hui, nous avons le plaisir de vous présenter le projet Programming Historian, une revue scientifique évaluée par les pairs portant sur les humanités numériques. Nous sommes également ravi·es d’annoncer que les ressources éducatives libres de Programming Historian ont été ajoutées au catalogue Florilège.
Découvrons ensemble les spécificités de ce projet innovant et son impact sur la communauté académique.

Chaire Unesco RELIA : Bonjour Charlotte Chevrie, merci de prendre le temps de discuter avec nous aujourd’hui. Vous êtes assistante de publication pour Programming Historian. Pourriez-vous nous expliquer en quoi consiste le projet et quelle est son origine ?

Programming Historian : Programming Historian (ou en français, « l’historien/l’historienne qui programme ») est une suite de quatre revues scientifiques qui publie des leçons en humanités numériques en anglais, espagnol, français et portugais. Programming Historian a été fondé en 2008 par William J. Turkel et Alan MacEachern. C’était au départ un projet d’infrastructure numérique de NiCHE (Nouvelle initiative canadienne en histoire de l’environnement), focalisé principalement sur l’utilisation de Python par des historiens/historiennes. En 2012, Programming Historian a élargi son équipe éditoriale pour devenir une revue académique évaluée par les pairs, en libre accès, spécialisée en questions méthodologiques pour les chercheurs et chercheuses de toutes sciences humaines et sociales. Les éditions espagnoles, françaises et portugaises nous ont rejoints en 2016, 2018 et 2021 respectivement. 

Chaire Unesco RELIA : Cela semble être un projet très complet. Pouvez-vous nous en dire plus sur le processus de révision par les pairs et son importance ?

Programming Historian : Oui, tout à fait. Nous pensons que faire évaluer ouvertement le travail de nos auteurs/auteures et traducteurs/traductrices est crucial pour nourrir un environnement de recherche collaboratif, productif et durable. Les évaluateurs/évaluatrices commentent directement sur notre dépôt GitHub public, permettant à tous et à toutes de lire leurs retours et de suivre l’évolution de la leçon à travers ses révisions. Nous faisons notre possible pour diversifier les voix des pairs sur une même leçon : par exemple, un pair expert en la matière, et un pair qui n’a pas d’expérience précise avec l’outil en question. Son avis est tout aussi important, car il reflète la façon dont nos lecteurs aborderont la leçon en tant que novices. Nous essayons aussi autant que possible de varier les origines géographiques et les identités de nos évaluateurs/évaluatrices, qui peuvent être dispersés à travers le monde.

Chaire Unesco RELIA : Qui est le public cible de Programming Historian et quelles sont vos ambitions avec ce projet ?

Programming Historian : Nous touchons surtout des enseignants/enseignantes et des étudiants/étudiantes en études supérieures qui poursuivent des recherches en sciences humaines et sociales. Nos leçons leur permettent de prendre en main des outils et méthodes numériques : acquérir, transformer, analyser, présenter ou préserver leurs données. Nos leçons sont bien plus que de simples documentations de logiciels : nos auteurs/auteures basent leur œuvre sur des jeux de données et des exemples réels, qui illustrent comment les outils ou méthodologies présentés peuvent être appliqués à des problématiques concrètes. Surtout en français, espagnol et portugais, mais aussi en anglais, nous visons également à soutenir un public qui manque de ressources disponibles et accessibles dans leur langue. Notre ambition est de permettre à toujours plus de lecteurs/lectrices de découvrir nos leçons : faire partie du répertoire Florilège est donc un pas très important dans cette direction.

Chaire Unesco RELIA : Vous avez mentionné une diversité linguistique. Pouvez-vous nous parler des différentes versions linguistiques de Programming Historian ?

Programming Historian : Bien sûr : nous publions Programming Historian en français, dont les leçons ont été ajoutées au catalogue Florilège, mais aussi Programming Historian en español, em português et in English (la revue d’origine). Chaque revue est indépendante, dirigée par son rédacteur ou sa rédactrice en chef, accompagné·e d’une équipe d’éditeurs, qui guident les leçons vers la publication. Un grand nombre de leçons sont traduites à travers le répertoire, mais nous sommes fiers de publier également des leçons originales dans chaque langue. Une part importante des traductions consiste à adapter et localiser les exemples utilisés, pour les rendre plus compréhensibles et plus pertinents pour les lecteurs/lectrices de la version traduite.

Chaire Unesco RELIA : Le modèle de publication en libre accès est crucial pour ce type de projet. Pouvez-vous nous en dire plus sur ce choix et ses avantages ?

Programming Historian : Tout à fait. Publier en libre accès version « Diamant » est un pilier de Programming Historian. C’est le seul modèle d’accès ouvert qui garantit que notre contenu soit accessible sans frais ni pour nos auteurs/auteures, ni pour nos lecteurs/lectrices. Tous nos coûts de publication sont financés par les institutions qui nous soutiennent. Nous ne demandons ni APC aux auteurs (frais de publication des articles), ni frais d’abonnement aux bibliothèques. Ce modèle s’inscrit plus largement dans une politique d’open source : nos leçons utilisent dans la mesure du possible des langages de programmation et des logiciels ouverts, pour minimiser les coûts et encourager la plus large participation possible.

Chaire Unesco RELIA : Et enfin, comment comptez-vous promouvoir et maintenir le projet Programming Historian ?

Programming Historian : Nous sommes actifs sur les réseaux sociaux : sur X/Twitter, Mastodon et LinkedIn, nous partageons nos nouvelles leçons et promouvons aussi les leçons plus anciennes de notre répertoire. Nous publions un bulletin trimestriel qui récapitule nos nouvelles leçons, et célèbre les étapes phares du développement du projet. Le plus important pour maintenir le projet est de continuer à recevoir du soutien de la part de la communauté : nous sommes toujours à la recherche de nouvelles institutions qui pourraient rejoindre notre programme de partenariat institutionnel. Nos lecteurs peuvent aussi nous soutenir au niveau individuel, par exemple en s’abonnant sur Patreon ou même tout simplement par Paypal. Nous sommes extrêmement reconnaissants envers nos partenaires institutionnels et donateurs individuels, qui nous permettent de développer notre modèle de publication durable et libre d’accès, et de créer toujours plus de leçons multilingues, évaluées par des pairs, pour les humanistes numériques du monde entier.

Programming Historian est un exemple remarquable de collaboration internationale et de partage de connaissances dans le domaine des sciences humaines numériques. Grâce à son engagement en faveur de l’accessibilité, la diversité et l’excellence, ce projet contribue significativement à la formation numérique des chercheuses et chercheurs du monde entier.
Nous espérons que cette présentation vous a inspiré·e et nous vous invitons à découvrir leurs tutoriels sur leur site web.


Liberté d’expression, indépendance

Les approches et opinions exprimées sur ce site n’engagent que la Chaire RELIA et ne reflètent pas nécessairement celles de Nantes Université et de l’UNESCO.

Licence
Licence Creative Commons

Sauf indication contraire, l’ensemble des contenus de ce site https://chaireunescorelia.univ-nantes.fr/ est mis à disposition selon les termes de la Licence Creative Commons Attribution 4.0 International.

Soyez le premier à commenter

Poster un Commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*


*