Le vendredi 20 septembre 2024, dans le cadre de la Nantes Digital Week, nous avons organisé la journée Penser face à l’IA, à quoi bon ?. Cet événement, co-construit avec la Chaire UNESCO “Pratiques de la philosophie avec les enfants et les adolescents”, la Halle 6 Ouest et avec le soutien du rectorat de Nantes, a proposé une exploration collective des enjeux éthiques et philosophiques de l’intelligence artificielle.
Dans la continuité de l’article écrit par nos collègues philosophes, nous vous proposons ici un retour d’expérience complémentaire.
Une matinée dédiée aux lycéen·nes : comprendre pour mieux questionner
La journée a débuté par un parcours spécialement conçu pour trois classes de seconde de l’agglomération nantaise (La Colinière, Livet, Nelson Mandela), invitant les élèves à découvrir les enjeux de l’IA au travers d’une série d’ateliers participatifs.
Chaque élève a clôturé ce parcours en formulant une question en lien avec ce qu’il ou elle avait appris. Ces 117 questions, anonymisées, ont été précieuses pour alimenter les discussions du Café Jasette de l’après-midi. Ce geste simple a permis d’intégrer la perspective des jeunes dans le débat tout en fournissant un point de départ authentique et inspirant pour les échanges.
Focus sur l’atelier : Apprendre face à l’IA, à quoi bon ?
La Chaire UNESCO RELIA a développé spécialement pour cette journée un nouvel atelier. Conçu pour être ludique et débranché, cet atelier utilisait un jeu de cartes pour expliquer les concepts de classification et d’algorithmes de décision.
Dans un scénario fictif, les participant·es doivent recréer la logique de Noé 2.0, un « classifieur » d’animaux dans une arche, en construisant un modèle d’arbre de décision.
Chaque participant·e reçoit une carte représentant un animal et une couleur. La mission ? Découvrir la règle de classement implicite en testant collectivement des hypothèses.
En plus de familiariser le public aux processus algorithmiques, cet atelier a soulevé des questions cruciales sur les biais et les choix éthiques en IA. Grâce à ce format, les participant·es ont pu saisir des concepts techniques tout en réfléchissant à leurs implications éthiques.
Un après-midi ouvert à toutes et tous : entre ateliers et Café Jasette
À partir de 14h, l’événement s’est ouvert à un public plus large. Les participant·es pouvaient rejoindre les mêmes ateliers que ceux proposés le matin, ou entrer et sortir librement du Café Jasette, un espace de discussion inspiré et adapté d’un concept québécois*.
L’esprit du Café Jasette repose sur des principes socratiques : privilégier l’échange spontané, sans captation vidéo ou sonore, et surtout sans discussions préparatoires entre les intervenant·es. Ce choix audacieux visait à éviter que les échanges les plus riches se produisent uniquement en coulisses, inaccessibles au public. En laissant émerger les idées en temps réel, le Café Jasette a su capturer la vitalité et la profondeur des débats, tout en créant un espace d’égalité entre intervenant·es et participant·es.
Les discussions, alimentées par les questions des lycéen·nes, ont permis d’aborder des thèmes variés tels que la transparence des algorithmes, les droits d’auteur·es ou encore la pensée critique. Cette liberté d’aller et venir, associée à un cadre informel, a encouragé des échanges authentiques et ouverts.
Photographies de la Nantes Digital Week, issues de leur photothèque.
* pour en savoir plus sur ce concept, nous vous invitons à consulter l’article suivant : Dube, M., Soukpa, M.-S. (2024). Une jasette autour d’une éducation ouverte et durable. Service de soutien à la formation, Université de Sherbrooke. Sous licence CC BY.
Une mémoire visuelle et partagée des échanges
Afin de préserver l’esprit de la journée sans entraver la fluidité des discussions, nous avons privilégié une facilitation graphique et une restitution filmée.
Émilie Renaud, ingénieure pédagogique à Nantes Université et formée à la facilitation graphique, a accepté notre invitation à cette journée. Elle a capturé en direct les idées clés des discussions, offrant une synthèse visuelle des échanges.
En clôture, une restitution filmée en présence des intervenant·es a permis de partager les réflexions majeures avec les lycéen·nes et le grand public.
Ces supports, alliant souplesse et rigueur, prolongent les réflexions amorcées tout au long de cette journée singulière et interdisciplinaire.
Une première expérience riche d’enseignements
Le public du matin, composé de lycéen·nes accompagné·es par leurs enseignant·es, représentait un groupe restreint et ciblé. Au travers d’un parcours initiatique, ces jeunes ont découvert les enjeux de l’IA et formulé des questions qui ont servi de point de départ aux échanges de l’après-midi.
Ces questions ont ensuite trouvé écho dans un contexte plus ouvert, où un public élargi a pu participer aux discussions du Café Jasette ou approfondir certains aspects par des ateliers. Ce croisement entre une réflexion initiale, issue d’un public spécifique, et des échanges ouverts avec des expert·es et un public diversifié nous semble intéressant dans son format.
En mêlant exploration éducative et liberté d’échanges, cette journée a permis de construire des ponts entre différentes perspectives et publics. Nous retenons de cette expérience l’importance de créer des espaces d’échanges interdisciplinaires et hybrides, à la fois cadrés et ouverts, pour penser ensemble des enjeux aussi complexes que ceux liés à l’IA.
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