Les 29 et 30 mars, à Ljubljana, mais en réalité de façon décentralisée, a été inauguré IRCAI, le premier Centre International de Recherche en Intelligence Artificielle, sous l’égide de l’Unesco.
Les 2 jours ont été enregistrés et peuvent être revus ici : https://www.youtube.com/watch?v=5dvcwK0wxc0.
On lira également, sur le site de l’Unesco, un article concernant l’événement.
En mode questions réponses, présentons IRCAI :
Q : Un nouveau laboratoire de recherche en IA, rien de nouveau, si ? Ah, peut-être “sous les auspices de l’Unesco”… Qu’est-ce que cela signifie ?
R : Il s’agit, dans le jargon de l’Unesco, d’un laboratoire de recherche de catégorie 2. Autrement dit, un laboratoire non financé par l’Unesco, mais labellisé par l’Unesco. Il y a aujourd’hui une centaine de laboratoires de ce type. IRCAI est le premier sur le thème de l’intelligence artificielle et c’est un enjeu important. Si Madame Audrey Azoulay, Secrétaire Générale de l’Unesco était là pour l’inauguration, cela montre bien que c’est important pour cette organisation.
Q : Et la Slovénie ? Pourquoi en Slovénie ?
R : La Slovénie est l’un des plus petits pays de la Communauté Européenne, avec 2 millions d’habitants. Mais c’est depuis longtemps un acteur important de l’intelligence artificielle. Le JSI (Josef Stefan Institute) est un laboratoire de recherche très actif qui, depuis longtemps, participe à tous les partenariats européens en IA. Que la Slovénie héberge le premier laboratoire de recherche en IA soutenu par l’Unesco n’est donc pas une surprise. Et nos amis slovènes sont bien entendu très fiers que leur soit confiée cette responsabilité. Le Président Borut Pahor était d’ailleurs lui aussi présent lors de l’inauguration, ainsi que plusieurs ministres.
Q : Et sur quoi va travailler ce nouveau laboratoire ?
R : 4 grands thèmes ont été identifiés : la santé, l’assistance aux personnes handicapées, l’éducation et le changement climatique. Au-delà de ces thèmes sur lesquels des expertises sont prêtes à appuyer, les priorités de l’Unesco vont être prises en compte : l’Afrique par exemple. Ainsi, lors de la première journée, la seule table ronde a concerné l’IA en Afrique, avec uniquement des collègues africains pour en discuter.
Q : Quelques premières initiatives ?
R : Oui, IRCAI va lancer une nouvelle revue qui va sans doute s’appeler “Artificial Intelligence and Sustainable Development“. Le but est de publier de la belle recherche en IA sur les 17 Objectifs de Développement Durable. Cambridge University Press, l’un des plus anciens et prestigieux éditeurs scientifiques internationaux, a accepté de s’engager avec IRCAI dans cette aventure. D’autre part, IRCAI lance une initiative, appelée Global Top 100, dont le but est d’identifier 100 projets, au niveau mondial, qui peuvent faire la différence. Avec des partenariats financiers qui vont en soutenir les 10 meilleurs (bien entendu, d’autre partenaires financiers pourront se joindre au projet pour soutenir d’autres opérations). Plus généralement, IRCAI est déjà présent sur de nombreux projets engagés par, et, dans la Knowledge for All Foundation.
Et nous serons présents dans quelques jours lors du Arab AI summit, en Jordanie, avec une session sur l’IA et l’éducation ouverte.
Q : J’imagine que le sujet de l’IA et l’éducation est important ?
R : Oui, bien entendu. Dans IRCAI, nous retrouvons 3 Chaires Unesco associées, dont deux concernent l’éducation ouverte. Il m’a été demandé de piloter le lancement de cet axe et j’ai accepté. Cela doit permettre un relai des activités déjà lancées à Nantes. Dans mon exposé de ce mardi 30, je présente la feuille de route d’IRCAI sur ce sujet.
Q : Et j’imagine que ce laboratoire a une vocation très internationale ?
Oui, bien entendu. Les discussions ont donc déjà lieu avec de nombreux pays, de nombreuses institutions, par exemple, avec la Commission Européenne. IRCAI n’est pas nécessairement un lieu où la recherche en IA va se faire. Mais ce sera (et à mon avis c’est déjà) un grand facilitateur. Ajoutons que même si ce statut de laboratoire de catégorie 2 n’est pas directement l’assurance d’un succès (en particulier aucune dotation financière particulière n’est prévue), les contacts internationaux de tout type s’en trouvent facilités.
Q : Quelques noms ?
John Shawe-Taylor a accepté d’être le premier directeur d’IRCAI. Il est Professeur à l’Université College London et un chercheur de référence en Machine Learning.
Marko Grobelnik est un chercheur du JSI, “Digital Champion” pour la Slovénie et un grand spécialiste de Data Mining et du Web Sémantique
Mitja Jermol est titulaire de la Chaire Unesco en Ressources Educatives Libres à Ljubljana. Il est aussi le concepteur et leader du programme “Open Education for a Better World”
Davor Orlic est le directeur exécutif d’IRCAI. Il a permis le succès de nombreux projets et est aujourd’hui la cheville ouvrière de nos programmes d’IA en Afrique.
Q : Enfin… quels liens avec l’Université de Nantes et la Chaire Unesco ?
Les partenaires d’IRCAI sont nos partenaires de longue date sur différentes activités de recherche. C’est donc assez naturellement que j’ai accepté de lancer le thème concernant l’éducation. Mais aussi de devenir le “Chief Equality Advocate” d’IRCAI. En espérant pouvoir très bientôt associer plus fortement l’Université de Nantes.
Colin de la Higuera