Retour sur 2 jours à l’UNESCO pour la Digital Learning Week

La semaine de l’apprentissage numérique s’est tenue à l’UNESCO du 2 au 5 septembre 2024 et c’est une excellente manière d’effectuer sa rentrée. Avant de partir à Lausanne pour le superbe événement « Open Science Days », j’ai passé deux jours à Paris pour la Digital Learning Week. En français : la semaine de l’apprentissage numérique.

Lundi

La salle est pleine. À ma surprise, la moitié de la salle semble réservée pour les ministres et excellences diverses, les représentant·es des grandes organisations, les délégué·es permanent·es. Et ces banquettes sont pleines. C’est à la fois une bonne et une mauvaise chose.
Bonne, parce que cela confirme que l’UNESCO bénéficie d’un poids politique de plus en plus important. L’organisation se décrit comme le laboratoire à idées des Nations Unies. Et le rôle des Chaires et Réseaux Unitwin est de permettre à ces idées d’émerger et -surtout- que cela se fasse globalement et pas seulement dans la Silicon Valley.
La mauvaise nouvelle est que cela passe aussi par de nombreux discours convenus.

Et c’est ainsi que la première session est un « ministerial panel ». Une demi-douzaine de ministres qui tiennent à nous expliquer… des choses assez attendues et déjà très entendues. On se demande même si ChatGPT n’a pas écrit certaines interventions.

Tiens, une bonne surprise. Kyriakos Pierrakakis, Ministre de l’Éducation de la Grèce qui nous rappelle que ce pays a mis l’accent depuis longtemps sur la pensée algorithmique, et c’est donc en s’appuyant sur ce terreau qu’ils peuvent introduire l’IA. Dans sa seconde intervention, Pierrakakis nous explique qu’en Grèce, l’éducation est un triangle dont les sommets sont la logique (et c’est là que la pensée algorithmique prend tout son sens), l’imagination et la citoyenneté. Voilà une feuille de route qui me plaît !

L’après-midi, nous assistons à la présentation du Référentiel de compétences IA pour les élèves. Ce travail complexe a été mené par une équipe pilotée par Kelly Shiohira. C’est un document qui aborde les questions de “comment” et “à quoi” former les élèves. On peut ne pas être d’accord avec tout, mais c’est une vraie base de discussion. Dans le débat qui suit, notons une discussion intéressante sur les dangers de l’IA. Est-ce qu’il y a un danger existentiel ? Oui, mais pas nécessairement parce que l’IA prendrait le pouvoir. Plus simplement parce qu’on la lui donnerait.

Le débat se structure avec, en toile de fond, les technophiles d’un côté, les technophobes de l’autre. D’un côté, celles et ceux qui pensent qu’on se forme à l’IA en interagissant avec les concepts de l’IA, avec la pensée algorithmique et le codage. De l’autre, celles et ceux qui pensent qu’il est suffisant. Cela fait un moment que ça dure… La France est assez grande pour avoir les deux mouvements en même temps.

En fin d’après-midi, nous avons présenté le réseau UNOE. Pour mémoire, c’est notre projet Unitwin de 16 membres, avec Nantes Université à la coordination. Nous avons présenté plusieurs actions déjà en cours et insisté sur ce qui faisait l’importance d’un tel réseau : l’éducation ouverte comme réponse à l’IA.

Mardi

Nous assistons à un débat sur la régulation de l’IA. Étonnamment, les Chinois sont absent·es et c’est une discussion entre les États-Unis et l’Europe. Les deux intervenants restent sur des positions très prudentes et générales. Malheureusement, peu à apprendre ici.

J’ai le temps d’écouter l’intervention de Charlotte Barot de la CNIL sur le travail qu’ils font en France sur nos sujets d’IA et éducation. Elle commence par nous parler d’un article récent (https://papers.ssrn.com/sol3/papers.cfm?abstract_id=4895486) montrant que l’utilisation des IA peut s’avérer contre-productive pour l’éducation. À lire cependant avec soin, car on y lit aussi des pistes sérieuses pour que ces tuteurs intelligents apportent vraiment quelque chose. Il faudra vraiment l’inviter à Nantes un jour !

L’intervenant suivant est Ahmed-Murat Kiliç, du Conseil de l’Europe. Leur groupe de travail a écrit -il y a déjà 2 ans- ce qui reste à mes yeux le meilleur rapport concernant les questions éthiques liées à l’IA et l’éducation : https://www.coe.int/fr/web/education/-/new-isbn-publication-artificial-intelligence-and-education-1 (en anglais seulement).

L’après-midi, Fengchun Miao et Mutlu Cukurova présentent le référentiel des compétences pour les enseignant·es. Là aussi, il s’agit d’un formidable travail auquel j’ai été associé. Le référentiel peut être téléchargé ici (https://unesdoc.unesco.org/ark:/48223/pf0000391104) avec sans doute une version en français dans les semaines à venir !

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