IA et éducation… en Italie

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Il y a quelques semaines, je faisais un rapide point sur des analyses et des actions en cours en Espagne. Ayant eu à converser et travailler avec des collègues italien·nes depuis quelques semaines, voici un article pour présenter certaines de leurs initiatives.

Tout d’abord, notons que les informaticien·nes et les philosophes semblent faire cause commune : les un·es sont particulièrement concerné·es par des questions d’éthique et sur l’impact de l’IA sur la société ; les autres n’hésitent pas à écrire régulièrement sur des questions d’IA. Ainsi, nous nous intéressons aux travaux de Dino Pedreschi qui s’intéresse à l’IA et aux réseaux sociaux, et à ceux de Manuel Gentile, qui s’intéresse au rôle des jeux sérieux en éducation. D’autres réfléchissent au sein de la Société Italienne d’Éthique de l’IA, qui vient de me proposer d’intégrer leur comité scientifique (j’ai accepté avec plaisir). Ces interactions interdisciplinaires sont riches et ils semblent avoir trouvé des solutions pour permettre d’aborder ce type de questions non seulement par des chercheur·es en fin de carrière, mais également par des jeunes. Il serait long et fastidieux de donner un avis personnel ici sur les points de blocage qui freinent considérablement ce type d’interdisciplinarité en France.

Dans quelques semaines, nous recevrons à Nantes des doctorant·es italien·nes dont la recherche porte sur les questions d’IA en éducation : bien entendu, les colonnes de notre blog leur seront ouvertes.
Aldo Pisani, Doctorant à l’Université de Calabre, s’intéresse en particulier à la perception des enjeux éthiques de l’IA chez les lycéen·nes.
Alessandra Brafa, Doctorante à l’Università degli Studi di Enna “Kore”, journaliste et blogueuse, regarde les enjeux didactiques liés à l’arrivée de l’IA.

J’écris cet article à l’aéroport de Milan, de retour d’un événement intitulé NextGen-AI. Cet événement, organisé par le Ministère de l’éducation et du mérite (eh oui…), réunit pendant trois jours 1000 lycéen·nes de toute l’Italie qui ont pu tester de nombreuses innovations, écouter et discuter avec des spécialistes italien·nes et internationaux, et surtout préparer des recommandations à adresser à leur ministère.


J’ai ainsi passé une heure et demie avec 250 jeunes (et quelques enseignant·es tout de même). Si mon exposé et les questions de la modératrice restaient dans du classique, les choses ont changé durant le très long temps d’échanges avec le public. Les questions de ce jeune public étaient formidables : réfléchies, précises, pertinentes et essentielles.
Est-ce que l’IA touche l’instruction ou les instructions ?
Si l’IA est un agent, comment concilier cela avec le besoin de reconnaissance de la jeunesse ?
Les IA peuvent-elles remplacer les enseignant·es ?
Ne doit-on pas rendre l’éducation aux prompts obligatoire ?


Il était saisissant de noter la différence entre les questions de ces jeunes de 17 ans et celles des adultes, des enseignant·es ou des cadres de l’Éducation Nationale que j’ai l’habitude de rencontrer. Je vais me hasarder à lancer une hypothèse : les un·es posent des questions qui les touchent professionnellement ; les autres, les jeunes, posent des questions qui les touchent existentiellement.

Un grand bravo donc à nos ami·es italien·nes qui ont compris que le futur de l’éducation ne se réglerait pas par une approche purement descendante, mais que les idées et l’énergie nécessaires aux changements profonds attendus viendraient de la jeunesse.

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