Le 4 décembre s’est tenu à Nantes le deuxième symposium de recherche sur l’éducation ouverte. Nous avons réuni une vingtaine de chercheur·es et de praticien·nes venant du Canada, de Belgique, de Suisse, de Tunisie et de France. Bien entendu, la réunion était ouverte aux membres de Nantes Université, qui y étaient majoritaires.
Pour mémoire, il s’agissait de la deuxième édition puisqu’en 2023, nous nous étions rencontré·es dans à peu près la même configuration.
Quelques temps forts du programme
Le programme était organisé autour de deux grandes questions. Pour simplifier, nous avons discuté :
- le matin, des liens entre IA et REL ;
- l’après-midi, des autres questions concernant l’éducation ouverte.
En introduction de la première partie, j’ai présenté un panorama des relations entre REL et IA [diapositives].
Nous avons pu entendre Patricia Serrano, du Laboratoire des Sciences du Numérique de Nantes (LS2N), nous parler du projet PARTAGE [diapositives].
Raynald Séveno nous a présenté une expérimentation qu’il a menée en première année de licence, lors de laquelle les étudiant·es étaient encouragé·es à concevoir des REL [diapositives].
La question du rôle des bibliothèques dans le développement d’une culture IA à l’Université a également été soulevée et discutée par Elise Nelson [diapositives].
Marianne Dubé de l’Université de Sherbrooke nous a partagé des réflexions en cours au sein de son université, relatives à la notion de qualité des REL produites par sa communauté : doit-on contrôler ou non et serait-ce cohérent avec les principes fondamentaux de l’éducation ouverte ? [diapositives]
Lilia Cheniti nous a parlé des questions d’évaluation et de l’IA [diapositives]. Elle a en particulier promu l’évaluation collective et, assez logiquement, ouverte.
Barbara Class, de l’Université de Genève, a discuté de la recherche de vérité dans l’histoire des universités, et lié cette question à celle des communs [diapositives].
Quelques questions
Est-ce une journée de recherche ? Les chercheur·es sont minoritaires… Les questions sont analytiques mais aussi concrètes… La recherche est-elle réservée aux chercheur·es (c’est peut-être un blasphème de dire cela dans une université) ? Est-ce de la recherche participative ? de la recherche citoyenne, de la recherche clinique comme le propose Carles Sierra, de la recherche-action ? La question se pose pour les non chercheur·es qui se demandent s’ils/elles usurpent…
Mais au fond… comment valide-t-on qu’on est ou qu’on n’est pas un symposium de recherche ?
Mon avis est que c’est de la recherche, un mélange de plusieurs types. On se pose des questions et celles-ci ne sont pas qu’opérationnelles. On est dans l’échange de/sur les pratiques. Mais sortir de là avec de bonnes questions et la satisfaction d’ouvrir les horizons, c’est peut-être bien de la recherche.
La question de la qualité a occupé une part importante de nos échanges. Plus précisément, comment garantir la qualité des REL produites ? Les nombreuses barrières ont été analysées et l’on peut quand même conclure sur cette base que la recherche de la qualité est bien entendu un besoin et une noble cause, mais le contrôle de cette qualité est bien plus illusoire. C’est aussi énergivore et jamais entièrement satisfaisant : il est facile de proposer qu’un comité scientifique évalue la qualité (juridique, technique, scientifique, pédagogique) d’une REL, mais il est bien plus difficile d’imaginer pouvoir mettre en place un tel comité avec des connaissances assez solides pour faire ce travail. Il est encore plus difficile d’imaginer un modèle économique qui le ferait fonctionner.
Cette question de la qualité divise et pose des questions de fond : le mouvement de l’éducation ouverte ne vise-t-il pas spécifiquement à une vision plus inclusive de la production, pas seulement réservée à des “élites” ?
J’ai proposé qu’on cherche à obtenir la confiance plutôt que la qualité. C’est une forme de satisfaction, plus simple à évaluer (même un simple système de like / dislike peut approximer ici). Mais c’est de toute façon ce que l’on cherche. La confiance des autorités responsables… la confiance des enseignant·es vis-à-vis de la plateforme à laquelle ils/elles confient leurs cours… la confiance de celles et ceux qui vont aller apprendre.
Une autre question qui a été discutée dans les débats est celle de la position à prendre vis-à-vis de travaux effectués en partie avec l’IA (et non “à l’aide de l’IA”). Les un·es ont argumenté en faveur d’une transparence forte (toujours indiquer qu’on a utilisé l’IA, de quelle manière, dans quelle mesure). Les autres ont soutenu que, de toute façon, le choix n’existait pas vraiment et qu’on allait utiliser l’IA, qu’on le veuille ou non. Et que, dans ce cas-là, il fallait surtout parler de responsabilité !
En conclusion
En un an, entre le premier et le deuxième symposium, on s’aperçoit que les choses avancent. Les questions sont moins théoriques et plus concrètes. Les un·es et les autres sommes dans le “faire” et les problèmes rencontrés sont réels. La recherche change dans ce cas, bien entendu.
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